Depuis sa création, le collectif
marseillais Strings of Consciousness a toujours été une aventure
ouverte. Ouverte aux participations et collaborations, qui se
multiplient d'album en album. Ouverte aux fusions musicales parfois
hasardeuses, le jazz, le rock et la musique expérimentale se
répondant sans cesse, les machines et l'acoustique formant un
terreau dense pour la voix. Ouverte à la surprise et à l'inattendu,
qui guette à chaque détour (et ils sont nombreux) des morceaux.
Pour ce second volet d'une trilogie inaugurée voilà cinq ans par
The Moon is Full, Philippe Petit et Hervé Vincenti se sont entourés
d'un casting vocal d'exception pour prêter corps aux multiples
facettes de From Beyond Love. Ainsi, s'il revient à Julie Christmas
(Made Our of Babies ) d'ouvrir l'album de ses intonations
björkiennes sur des atmosphères rock obscurcies de violoncelle,
Andria Degens (Current 93) joue sur la carte d'une lounge
psychédélique virant au drame pour « Sleepwalker »,
tandis que Graham Lewis (Wire) se pose tout en douceur et en
distinction sur les tempos jazzy de « Bugged ». Les
choses se refroidissent carrément avec un « Finzione »
porté par la voix lointaine de Cosey Fanni Tutti (Throbbing Gristle)
surmontant un tapis de craquements et de dissonances cosmiques,
avant que n'arrive la pièce de résistance de l'album, les dix-neuf
minutes de « Hurt is Where the Home is » où les deux
voix de Lydia Lunch et Eugene Robinson (Oxbow), plus proches du
spoken words que du chant, déroulent un drame urbain sur un fond
discret de piano, guitare, saxophone, percussions et machines.
Musique de film noir engendrant ses propres images, From Beyond Love
s'écoute et se regarde avec la même certitude : celle d'avoir
trouvé un écran pour projeter nos nuits blanches.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire